Powered By Blogger

sexta-feira, março 07, 2008

Charges de Sponholz, foto e entrevista de Garcia por Antonio Romane








Garcia : «Nous sommes dans une guerre d'informations»
LE FIGARO / Propos recueillis par Lamia Oualalou
04/03/2008 | Mise à jour : 23:12 |

Marco Aurelio Garcia est le conseiller spécial du président brésilien Luiz Ignacio Lula da Silva sur les questions internationales.

LE FIGARO :Quelle est la position du Brésil sur la tension à laquelle a conduit à la mort du numéro 2 des Farc, Raul Reyes ?

Marco Aurelio Garcia. Le Brésil condamne fermement l'attaque colombienne en territoire équatorien qui est avant tout une violation de la souveraineté territoriale. Nous invitons la Colombie à présenter ses excuses à l'Équateur. Parallèlement, le Brésil est prêt à tout pour tenter de faire baisser la tension dans la région, qui a atteint des niveaux inquiétants. Le président Lula va recevoir aujourd'hui son homologue équatorien Rafael Correa, et nous avons demandé la création d'une commission d'enquête au sein de l'Organisation des États américains (OEA).

Quel est l'objectif de cette commission ?

L'invasion du territoire équatorien par des troupes colombiennes est un fait avéré, mais les présidents ont deux versions différentes. Alvaro Uribe prétend qu'il s'agit d'une action défensive, alors que selon Rafael Correa, les Farc ont été massacrés endormis dans le camp, et que l'assaut s'est déroulé uniquement sur le territoire équatorien. À la commission de démêler la réalité.

Comment interprétez-vous l'envoi de troupes par le Venezuela et l'Équateur à la frontière de la Colombie ?

Il ne faut pas en exagérer l'ampleur. C'est avant tout un geste politique assez logique quand on considère qu'il y a eu une violation militaire de la part de la Colombie. Un conflit armé est toujours possible, mais ce n'est pas l'hypothèse dominante. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'est bon pour personne que la Colombie soit isolée en Amérique du Sud. Or, le Brésil n'est pas le seul à avoir condamné son incursion militaire : la majorité des gouvernements de la région l'ont fait. Le maintien de cet isolement serait déplorable pour toute la région, alors que nous essayons justement de bâtir une union d'Amérique du Sud, l'Unasur. La prochaine réunion des chefs d'États devait avoir lieu à Cartagena, en Colombie, fin mars. Dans les conditions actuelles, cela me semble impossible.

Quel impact aura la mort de Raul Reyes sur la libération des otages ?

Dans un premier temps, j'étais très inquiet, mais les Farc ont dit que sa mort ne remettait pas en cause leur recherche d'un accord humanitaire. Techniquement, cela peut poser des problèmes : j'étais moi-même sur le terrain fin décembre quand les Farc ont retardé la première libération d'otages pour cause d'opération militaire de l'armée colombienne. Je vous rappelle que le Brésil a une position neutre sur les Farc : nous ne les qualifions ni de groupe terroriste ni de force belligérante. Les accuser de terrorisme ne sert à rien quand on veut négocier. La Colombie émet le désir de ne pas internationaliser son conflit avec les Farc, mais, dans les faits, il a déjà des retentissements internationaux. Il y a eu la médiation du président Hugo Chavez dans la libération des otages, la volonté déclarée de la France de s'y impliquer. À la fin de l'année dernière, le président Uribe a accepté la mise en place d'un groupe de pays amis, comprenant notamment le Brésil.

La Colombie justifie son intervention militaire par des liens entre l'Équateur, le Venezuela et les Farc…

Pourquoi ces révélations sont-elles sorties aujourd'hui ? Si la Colombie les détient, elle ne les a pas toutes trouvées dans l'ordinateur de Raul Reyes ! Des deux côtés, nous sommes dans une guerre d'informations, et l'important c'est de baisser la tension. Mais le fait principal reste la violation, par la Colombie, de la souveraineté territoriale d'un pays. Ce sont des méthodes qu'on ne peut pas admettre. Sinon, ce serait vraiment la porte ouverte à des conflits armés.

Arquivo do blog